La carte graphique est devenue – avec le processeur – le principal poste de consommation d’un PC. Pendant longtemps, viser la performance signifiait accepter des TGP qui grimpaient à 250, 300, parfois 450 W. Mais depuis deux ans, la tendance s’inverse : grâce aux nœuds de gravure en 3 nm, à des architectures plus modulaires et à de nouvelles techniques d’alimentation, les fondeurs montrent qu’on peut atteindre la barre symbolique des 150 W sans sacrifier le nombre d’images par seconde. L’année 2025 marque même un tournant, car plusieurs GPU milieu de gamme viennent d’être annoncés ou commercialisés autour de 130‑145 W, ouvrant la voie à des configurations plus compactes, silencieuses et frugales.
Sommaire :
Pourquoi viser la barre des 150 W ?
Sous la barre des 150 W, un GPU peut fonctionner avec un connecteur 8 broches unique, voire directement sur le slot PCIe dans sa version mobile. Cela simplifie le design des alimentations, réduit la taille des dissipateurs, et donc le volume des boîtiers ; un atout pour la montée en puissance des mini‑PC et des stations de travail transportables. Sur le plan énergétique, diminuer de 100 W la charge GPU à pleine puissance représente environ 50 kWh économisés par an pour un joueur quotidien : l’équivalent de 200 km en voiture électrique.
Les technologies clés de la sobriété
Trois leviers ont permis cette baisse :
- Gravure avancée : TSMC et Samsung produisent désormais des wafers 3 nm à haut rendement. Chaque transistor consomme moins et occupe moins de surface, libérant de la place pour plus de cœurs sans élever le TGP.
- Chiplets et interposeurs : plutôt qu’un gros die monolithique, les GPU 2025 utilisent des chiplets spécialisés ; les unités AI, RT et Raster peuvent être activées ou éteintes indépendamment selon la charge, ce qui évite de chauffer inutilement des portions du silicium.
- Mémoire GDDR7 et compression : la nouvelle GDDR7 à 32 Gb/s double pratiquement le débit de la GDDR6 tout en réduisant la tension d’alimentation. Ajoutez‑y un algorithme de compression de couleurs plus agressif, et le bus mémoire peut passer de 192 à 128 bits sans goulot d’étranglement – gain direct en watts.
Les GPU vedettes sous 150 W en 2025
Nvidia GeForce RTX 5060
Annoncée début avril, la RTX 5060 consomme 145 W selon les spécifications officielles de Nvidia. Elle embarque 3 840 cœurs CUDA, un bus GDDR7 128 bits et le nouvel encodeur NVENC Gen 4 capable d’avancer l’AV1. Les premiers benchmarks la placent environ 18 % devant une RTX 4060 Ti pour un budget thermique équivalent, tout en activant DLSS 4 et sa Multi Frame Generation.
AMD Radeon RX 8500 XT
Bien que la série 8700 et 8800 domine les gros titres, la future 8500 XT, attendue à l’été, ferait tenir l’architecture RDNA 4 dans une enveloppe de 125 W. Les fuites parlent de 28 unités de calcul, 16 Go de GDDR7 et un cache Infinity de 48 Mo ; un choix taillé pour le jeu 1080p/1440p « ultra » sans ventilateur hurleur.
Intel Arc Battlemage B580
Intel revient avec une carte milieu de gamme annoncée à 130 W. Battlemage intègre un moteur ray tracing de deuxième génération et un accélérateur XeSS 2.1 retravaillé. Les premiers échantillons en labo montrent un framerate supérieur à la RTX 4060 tout en restant sous la barre fatidique.
Ces trois cartes partagent un point commun : elles s’adressent aux créateurs de contenu aussi bien qu’aux joueurs. Un power budget de 150 W permet en effet d’utiliser une alimentation de 450 W dans un boîtier ITX, sans risque de throttling lorsque l’on lance Blender, Unreal Engine ou que l’on veut faire un montage video en 4K.
Gains réels pour le joueur et le créateur
Dans un boîtier Micro‑ATX ventilé par deux 120 mm, passer d’une carte 250 W à une carte 140 W fait baisser la température interne de 8 °C et le bruit de 6 dB, selon les mesures d’un assembleur varois. Côté facture d’électricité, un streamer qui diffuse trois heures par jour économise 2 € par mois ; c’est modeste au porte‑monnaie, mais loin d’être négligeable si l’on additionne des millions de machines. Les éditeurs de jeux y trouvent aussi leur compte : moins de dissipation signifie moins de contraintes de refroidissement pour les laptops gaming.
Quelle puissance pour quel usage ?
- Jeu compétitif 1080p : un GPU 120 W suffit pour dépasser 240 FPS sur Valorant ou CS 2.
- Création de contenu 4K : à partir de 140 W, l’encodage AV1 temps réel devient fluide, et la VRAM de 16 Go ouvre la porte au texturing lourd.
- IA locale : avec 12 Go de VRAM ou plus, Stable Diffusion tourne sans recours au cloud, un atout pour les petites agences de design soucieuses de confidentialité.
Construire une configuration vraiment « green »
Choisissez une alimentation 80 Plus Gold de 450 W ; le rendement maximal se situe à 50 % de charge, donc votre PC tournera dans la zone d’efficience. Côté boîtier, les flux d’air verticaux limitent le recirculage ; un seul gros ventilateur avant + un extracteur arrière réduisent les turbulences. Couvrez le GPU d’un profilé industriel en aluminium recyclé : certaines marques remplacent désormais le plastique ABS des shrouds par du bio‑composite à base de chanvre.
L’impact réglementaire
L’Union européenne finalise pour 2026 une directive ERP III qui plafonnera la consommation idle des cartes graphiques desktop à 15 W et restreindra le TGP sous 200 W pour les appareils vendus en prêt‑à‑l’emploi. Les dernières annonces <150 W s’alignent donc déjà sur ce cadre, évitant aux OEM de devoir réviser leurs gammes. Aux États‑Unis, la Californie prévoit de durcir l’appliance efficiency regulation ; une RTX 5060 consomme 40 % de moins qu’une RTX 3070, ce qui laisserait une marge bienvenue.
Que surveiller avant l’achat ?
- TGP réel vs. nominal : certaines cartes custom activent d’office un BIOS « OC » montant la limite à 165 W. Pensez à basculer sur le profil eco si vous tenez à la sobriété.
- Qualité du refroidisseur : un GPU 145 W mal dissipé peut être plus bruyant qu’un 200 W bien ventilé.
- Support logiciel : DLSS 4, FSR 3 ou XeSS 2 jouent un rôle crucial ; sans upscaling, la course au FPS pousse de nouveau la consommation vers le haut.
Et après ?
TSMC gravera ses premiers wafers 2 nm « N2P » fin 2025 ; Nvidia et AMD ont déjà réservé les lignes. Les analystes estiment qu’une carte 2 nm équivalente à la RTX 4070 (220 W aujourd’hui) pourrait tomber autour de 140 W à performance égale. Couplé à des méthodes d’upscaling neuronales de quatrième génération, on envisage de jouer en 4K 120 Hz sur un GPU de 100 W avant 2028.
Conclusion
L’ère des « Green GPU » n’est plus un concept marketing : elle se matérialise sur les étagères des revendeurs. Pour la première fois depuis une décennie, il est possible de construire une machine capable de ray tracing, d’IA locale et de streaming 4K sans dépasser la consommation d’un vieil aspirateur. Reste à convaincre le grand public que le nombre de watts n’est plus le baromètre de la puissance ; dans un monde où chaque kilowatt‑heure compte, la vraie performance s’évalue désormais en images par joule. La révolution verte du GPU vient juste de commencer, et les joueurs comme les créateurs seront les premiers bénéficiaires de cette sobriété de haute volée.

Bonjour, je m’appelle Manu Dibango et j’ai 37 ans. Cadre supérieur dans l’administration, je suis passionné par la gestion et l’organisation. Bienvenue sur Camernews où je partage ma veille sur les nouvelles technologies et l’innovation.