Il y a 65 ans, Ford subissait une crise majeure, perdant non seulement des parts de marché, mais aussi une part de son âme. Cette période charnière a marqué le début d’une transformation profonde, redéfinissant l’avenir de l’industrie automobile et la perception des consommateurs face aux innovations.
Le 9 novembre 1960, la Ford Motor Company voyait un changement majeur avec l’arrivée d’un président extérieur à la famille Ford.
Robert S. McNamara, un diplômé d’Harvard et ancien cadre du département statistique de la marque, fut nommé à ce poste, marquant la fin d’une ère de près de soixante ans. Ce moment historique représente un tournant pour l’entreprise, fondée en 1903 par Henry Ford.
Appartenant au groupe des fameux « Whiz Kids », McNamara initia de nouvelles méthodes de gestion, issues d’un contexte post-Seconde Guerre mondiale. Pragmatique et méthodique, il entra dans l’entreprise avec une vision de rationalisation, poussant Ford vers une approche analytique et efficace. Ce changement marqua un déclin de l’esprit intuitif et parfois paternaliste des précédents dirigeants de la famille Ford.
Sommaire :
Un nouveau chapitre pour Ford
McNamara a introduit une méthode scientifique dans l’analyse du marché. Il mit fin à plusieurs programmes considérés comme trop coûteux et lança de nouveaux modèles plus rationnels, comme la Falcon, qui se distinguait par des caractéristiques compactes et économiques. Ce modèle a symbolisé un changement vers une automobile moins flamboyante, moins axée sur le luxe et davantage orientée vers la classe moyenne américaine.
Ce nouveau positionnement contrastait avec l’excès de chrome et de cylindrées qui caractérisait les voitures des années 1950. McNamara soutenait une vision pragmatique d’un produit accessible et fonctionnel, répondant aux attentes d’un public élargi, mais à un coût moins ostentatoire.
Des tensions avec l’héritage familial
Malgré ces réformes, le style de management de McNamara passait mal auprès des héritiers de la famille Ford. Ils étaient attachés à une culture industrielle, plus humaine, qui valorisait l’ancrage familial de l’entreprise. Deux mois seulement après sa nomination, McNamara reçut, à sa grande surprise, une offre pour rejoindre l’administration Kennedy comme secrétaire à la Défense. Il quitta Ford début 1961, rendant les rênes à Henry Ford II, qui dirigerait l’entreprise jusqu’en 1979.
Un tournant historique dans la gouvernance de Ford
Cette période marqua un tournant significatif dans la gouvernance de Ford. Après le départ de McNamara, la direction de l’entreprise resta souvent entre des mains extérieures à la famille Ford. Ce n’est qu’en 2001 que William Clay Ford Jr., arrière-petit-fils de Henry Ford, prit la tête en tant que CEO, puis comme président du conseil jusqu’en 2006.
La gestion par des dirigeants extérieurs symbolise un changement dans la façon dont les entreprises américaines étaient dirigées, s’éloignant des principes familiaux pour adopter une approche plus corporative et orientée vers le profit. McNamara, bien qu’ayant été controversé pour son rôle ultérieur dans la guerre du Vietnam, demeure une figure emblématique d’une époque où la rationalité économique surpassait la vision entrepreneuriale instinctive.
L’héritage de McNamara au sein de Ford
Le passage de Ford à une structure managériale moderne a conduit à des transformations significatives dans l’industrie automobile. Les décisions de McNamara permettent de comprendre comment Ford s’est adapté aux évolutions du marché, même si ces choix ont eu un coût émotionnel sur l’identité de l’entreprise. Ce virage, survenu il y a soixante-cinq ans, a sans doute fait de Ford un groupe engagé dans une approche moderne, mais il a aussi signifié la perte d’un certain héritage familial.
À LIRE AUSSI : Pour en savoir plus sur l’historique de Ford, consultez Ford.com.
Qui a été le premier dirigeant extérieur à la famille Ford ?
Le 9 novembre 1960, Robert S. McNamara a été nommé président de Ford, marquant ainsi la fin de près de six décennies de tradition dynastique.
Quel changement McNamara a-t-il opéré chez Ford ?
McNamara a introduit une approche plus scientifique et rationnelle du marché, mettant fin à plusieurs programmes jugés trop coûteux et lançant des modèles plus économiques comme la Falcon.
Pourquoi la nomination de McNamara a-t-elle été mal vue par la famille Ford ?
Son style autoritaire et sa vision strictement managériale déplurent aux héritiers de la famille, qui privilégiaient une dimension plus industrielle et familiale de l’entreprise.
Qui a pris la direction de Ford après le départ de McNamara ?
Après le départ de McNamara en 1961, Henry Ford II a repris la direction et a dirigé l’entreprise jusqu’en 1979.

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