Robert Bourgi répond à Laurent Gbabo
Robert Bourgi soutient que Laurent Gbagbo aurait déclaré avant sa
chute : « je suis prêt à noyer la Côte d’Ivoire dans le sang ».
Habitué des hautes sphères du pouvoir de la Françafrique, Robert Bourgi a été mis en cause dans
le livre Laurent Gbabo selon Francois Mattei. C’est donc sur les ondes de Rfi que l’avocat français
a décidé de réagir aux accusations de l’ancien chef d’État ivoirien lors d’un entretien en révélant
qu’avant sa chute en avril 2011, Gbagbo aurait déclaré qu’il ne donnerait pour rien au monde le
pouvoir à Ouattara comme le souhaitait la communauté internationale et était prêt à verser du sang
s’il le fallait. Durant cet entretien, Robert Bourgi a fait des déclarations pour le moins inattendues :
« C’était à la fin de 2010. Le président Nicolas Sarkozy qui me savait ami avec Laurent Gbagbo et
Alassane Ouattara, me fait venir à l’Élysée et me dit “Robert, tu as vu j’ai mandat de l’ONU. Les
grandes puissances sont décidées à faire respecter le verdict des urnes. Est-ce que tu pourrais pour
une dernière fois obtenir de Gbagbo qu’il accepte le verdict des urnes ? Je m’engage au nom de
l’Union européenne et des États-Unis à ce qu’aucun mal ne lui soit fait. S’il accepte le verdict des
urnes, il aura le statut d’ancien chef d’État, comme le président Bédié. Il pourra aller où il le désire
dans le monde”. Claude Guéant assistait à l’entretien.
Nous sommes allés, lui et moi, dans son bureau et j’ai parlé à Laurent. Et ce que je vais vous dire,
vous êtes les premiers à le savoir. J’appelle Laurent et je lui dis : ‘L’heure est grave. Il se prépare de
grandes choses, des choses graves pour ton pays et pour toi. Accepte le verdict des urnes, tu ne peux
pas aller contre le monde. Et tu auras le statut d’ancien chef d’État. Tu pourras aller où que tu veuille
dans le monde, tu pourras même enseigner en France. Accepte s’il te plaît’, aurait-il plaidé auprès de
son ami d’hier aujourd’hui prisonnier de la Haye qu’il lui aurait répondu en ces termes. ‘Bob, tu diras
à ton ami Sarkozy que je serai son Mugabe. Que je ne donnerai jamais le pouvoir à Ouattara, et enfin,
que je suis prêt à noyer la Côte d’Ivoire dans le sang. Et d’ailleurs Bob, c’est la dernière fois que nous
nous parlons’, c’est alors que Sarkozy que le passé sulfureux aurait rattrapé et qui est aujourd’hui
mis en examen dans une affaire de corruption aurait décidé de passer à la vitesse supérieure en
disant : ‘Il verra ce qui va se passer. Nous allons le foudroyer’. »
Toujours en relatant sa part de ‘vérité’ parlant du financement des campagnes présidentielles des
chefs d’états français par les chefs d’états africains, il dit que Laurent aurait financé à hauteur de 3
millions de dollars la campagne de Jacques Chirac contrairement à ce qu’il a confié à François Mattei
dans le livre : « Lors d’un deuxième voyage officiel de Laurent Gbagbo à Paris — il résidait à l’hôtel
Plaza Athénée — une réunion s’est tenue dans la suite présidentielle de Laurent Gbagbo. Il y avait
là son ministre des Finances, il y avait là son directeur de cabinet, Jacques Anouma, ancien. Il y avait
là l’ambassadeur Eugène Allou, son directeur de protocole et chef de cabinet. Ils avaient réuni la
somme de trois millions de dollars. Ce jour-là, les trois millions de dollars ont été réunis dans la suite
présidentielle de Laurent Gbagbo au Plaza Athénée, et ils avaient été mis dans un sac publicitaire
Austin… Vous savez, la marque de voitures. Et c’est Eugène Allou, directeur du protocole présidentiel
— que j’ai personnellement conduit à l’Élysée — qui a remis cette somme à Dominique de Villepin ».
Ces propos d’un des grands acteurs de la Françafrique, s’ils sont avérés, nous révèlent un fait très
pertinent que la France et la communauté internationale tendent à camoufler depuis des décennies :
l’avenir des états africains se décide dans les capitales européennes. Et, les chefs d’états africains
n’ont qu’à bien se tenir sinon out. Et ce n’est pas le feu guide libyen Kadhafi qui dirait le contraire.
Les pays africains continueront à financer le développement des pays européens qui depuis la fin
de la colonisation continuent à percevoir des prébendes sur plusieurs formes aux pays africains,
plongeant ainsi ces derniers dans un éternel marasme économique. Le prétexte idoine pour s’ingérer
dans les affaires des pays africains : la démocratie, dont l’unique modèle à copier est le leur. Quoi
qu’il en soit avec l’agression ivoirienne et libyenne, la communauté internationale a été contrainte de
montrer son vrai visage. L’enjeu d’une telle implication ne serait-il pas le golfe de guinée qui regorge
d’hydrocarbures dont ces derniers raffolent ? Observons les positions géostratégiques de la Côte
d’Ivoire et la Libye pour ne citer que ceux-ci.