Ne croyez point ici que j’en veux à la Chine de profiter de son aubaine africaine, je suis loin de maudire le rêve d’une coopération grandiose avec la Chine, je déplore tout simplement la condition du Nègre qui s’embourbe, et exorcise, par la fuite en avant, son impuissance enfouie. Quand ce n’est pas la Chine qu’on vénère, ce sont les résistants de la dernière heure qu’on déifie, on déifie Robert Mugabe haï par l’Occident, Omar El-Béchir en héros face à la CPI, Idriss Deby en escalade contre les terroristes, Paul Biya rebellé contre la France. Mais bon sang, pendant qu’on y est, pourquoi nos panafricanistes déifiés, qui savent très bien que tout part de la pauvreté, ne règlent-ils pas ce problème qui met en péril le sort de tous les Africains de la terre ? En sont-ils impuissants ? Que non.
Si on en était encore à l’âge des ténèbres, on aurait pu penser à l’impuissance. Mais depuis que Tchundjang Pouemi nous a affranchis des mythes de Bretton Woods et des prédications de son prophète John Keynes, tout le monde sait qu’on peut éradiquer la misère en Afrique quasiment du jour au lendemain, tout le monde sait qu’il est techniquement possible de sortir du sous-développement sans besoin d’aide financière, quelque soit le niveau de désastre, simplement en déclenchant le cycle vertueux de fonctionnement économique, pour le bien-être non seulement des populations mais aussi des investisseurs, ceci en maintenant au pouvoir le tyran, car la dictature n’est point un handicap au progrès, elle ne s’érige en barrière que parce qu’elle sert d’instrument au système de l’aliénation des peuples par l’impasse.
Conséquence, quelques soient nos pirouettes empiriques, Mugabe, Béchir, Deby ou Biya restent les marionnettes de l’Occident, et le peuple avec, non pas parce que nous le souhaitons mais simplement parce que les micro-États que contient l’Afrique ne sont point des nations mais des multinationales de l’Occident, et que chaque fois que nous agitons le drapeau national pour supporter nos équipes sportives, nous agitons en réalité le fanion d’une poignée d’actionnaires.
Si l’on peut fustiger les manœuvres de l’Occident, manœuvres qui sur le plan politique restent parfaitement légitimes, il est à noter que le blocage le plus crucial de notre destin vient surtout de nos dirigeants qui sévissent par leur incompétence désastreuse, ce qui ouvre la voie au FMI et à la Banque Mondiale qui, au moyen de l’outil monétaire, capte nos ressources, pour le plus grand intérêt de ses plus grands donateurs, ce qui n’est que chose normale, c’est à nous de réagir en meilleur donateur que les autres.
C’est à nous de défendre nos intérêts. Il faut remarquer que quand les migrants abordent la périlleuse traversée de la Méditerranée pour l’Europe, ils sont arabes, asiatiques, indiens et négro africains, mais à l’arrivée, ce sont les négro africains qui passent en boucle à la télévision occidentale en image de l’immigration hideuse, les autres trouvent des débouchés, simplement parce que les gouvernements de leurs pays se sont arrangés qu’il en soit ainsi. Nos dirigeants africains, qui remplissent les coffres forts de l’Occident, n’ont pas pu obtenir ce préalable humanitaire élémentaire.
Tous les pays du monde défendent les leurs, leur périmètre, sauf les Africains qui restent stupides, en étant obnubilés par les beaux discours de libre échange, alors que dans la réalité ils n’ont aucune chance d’avoir accès au marché français par exemple, vu qu’il y est déjà compliqué à une firme allemande d’implanter sa marque.
Réveillons-nous, soyons pragmatiques, suivons l’exemple de Vladimir Poutine qui, même pendant les pires moments de guerre froide, ne perd pas le nord, signe des contrats de coopération militaires avec le grand Satan américain. Paradoxe, direz-vous ? Ça s’appelle réalisme politique, non pas l’imbécillité de Mugabe qui se trouve piégé par sa promesse de quitter la CPI.