Le Cameroun contribue au ternissement de son image
Après avoir porté à lui seul son équipe sur son dos durant le match crucial contre l’Angleterre, une
fois de plus, l’avant-centre et renard de surface Luiz Suarez a fait parler de lui. Cette fois d’une
manière qui lui est propre. En effet, c’est la troisième fois que le joueur vedette de la sélection
uruguayenne mord l’un de ses adversaires. Il avait déjà été suspendu pour sept matches en 2010
pour avoir mordu Otman Bakkal, puis pour 10 matches en avril 2013 après avoir mordu le bras de
Branislav Ivanovic. Le caractère répétitif de ce geste, et surtout sa nature même, sont inquiétants. La
morsure est un geste d’une extrême violence qui porte une symbolique très forte : celle du peu de
respect qu’on accorde à son adversaire.
Scénario similaire pour le milieu de terrain camerounais Alexandre Song, qui lors du deuxième match
du Cameroun contre la Croatie, en Coupe du monde au Brésil, a commis une grosse bourde. En effet,
ce dernier, pris de vitesse par Mandzukic, lui avait assené un violent coup de coude dans le dos. Ce
qui avait conduit à son expulsion de l’aire de jeu. Cette analogie vise à nous permettre de faire une
lecture de la réaction de deux fédérations différentes.
Les deux joueurs ont écopé de suspensions de match et d’amendes. Mais, c’est la différence entre les
réactions qui est impressionnante. De fait, la fédération uruguayenne après la suspension annoncée
de leur joueur, a vivement protesté bien que les faits soient poignants. Et, a décidé de faire appel
contre cette décision. L’entraîneur de cette équipe est allé plus loin, en démissionnant du comité
technique de la FIFA pour signifier son indignation face à une telle décision. Les médias uruguayens
et le peuple s’insurgent contre cette décision, accusant les médias anglais l’avoir orchestré. Ce qui a
été également le point de vue de l’entraîneur de l’équipe Oscar Tabarez qui estime que son joueur
permet au médias anglais d’accroitre leur audience en se focalisant davantage sur ses fautes que ses
prouesses comme l’expédition punitive de ce dernier contre l’Angleterre.
S’il est vrai que les performances des Lions indomptables sont loin celles de l’Uruguay, Suarez tout
comme Song a violé les règles du jeu. Pourtant la réaction des dirigeants du football camerounais
ainsi que celle du peuple sont surprenantes. Après son coup contre Mandzukic, c’est sa propre
fédération qui publie des communiqués volcaniques contre lui, lui qui est la raison de leur présence
au brésil, lui dont ils ont pour devoir de protéger les intérêts. C’est encore cette même fédération qui
livre Assou Ekotto et Moukandjo aux médias, pour un lynchage à nul autre pareil. Même le public à
travers les réseaux sociaux (Facebook notamment) se donne à cœur joie, caricaturant le joueur sous
mille et une formes. Conséquence, Stéphane Mbia se fait séquestrer et agresser à peine rentré du
mondial (lui qui a même dénié rentrer). Pire encore, ne sachant pas conserver notre image et surtout
comment communiquer en temps de crises, nous donnons l’opportunité aux étrangers comme
CE Bern Auguste qui, vêtu du maillot des Lions indomptables, monument de la fierté nationale du
Cameroun, publie une vidéo sur YouTube où il se permet d’insulter et de couvrir d’anathèmes cette
équipe en la qualifiant je cite d’« EDAP : Équipe Distributeur Automatique de Points, à contacter pour
sortir de votre poule lors des compétitions internationales. » Il continue de plus belle « la délégation
pléthorique de 140 personnes qui est payée sur le dos des contribuables camerounais. » Il termine
avec ces propos : « pour contacter l’équipe, contacter la Fecafoot BP 1100 Yaoundé Cameroun ». Le
plus déconcertant dans cette vidéo est le fait qu’il tienne une bouteille de bière. Je vous laisse le soin
d’interpréter cet aspect. Voilà comment le Cameroun devient la risée de toute la planète. Jusqu’où
irons-nous ?*